Le président Jocelerme Privert a un mandat simple et clair : reconduire le pays sur la route des élections pour remettre le pouvoir à un président élu le plus tôt possible. Toutes ses actions doivent être marquées du sceau de cet objectif. A chaque fois qu’il donnera l’impression de chercher à prendre un autre chemin, sans le plus large consensus possible avec les forces en présence dans le pays, on le suspectera de poursuivre des desseins inavoués. Chaque jour, le président provisoire Privert doit nous convaincre qu’il ne fait pas fausse route. Communiquer, expliquer, convaincre doivent accompagner ses actions.
Le sénateur Youri Latortue, tout seul, comme un grand, a pris l’initiative de diligenter une enquête sur la gestion des fonds PetroCaribe depuis l’origine de cette manne financière pour le Trésor public. La commission Ethique et Anticorruption du Sénat de la République fait défiler devant ses membres les anciens premiers ministres qui ont signé les différentes résolutions qui ont ouvert les vannes des financements pour des centaines de projets pour un montant avoisinant deux milliards de dollars. Après chaque audition, on se demande si les sénateurs ont la capacité, la compétence et les outils pour mener cette enquête qui commence par le haut et finira sur le terrain, selon la méthodologie qu’ils déclarent suivre. Le sénateur Latortue ne fait-il pas fausse route ? N’entraîne-t-il pas le besoin de la nécessaire reddition des comptes sur de fausses pistes ?
Commissaire du gouvernement, Danton Léger tape fort. Avant tout procès, avant même la première audition, il a émis une série d’ordres d’interdiction de départ contre des citoyens dont les noms ont été cités, à tort ou à raison, on l’ignore, dans des affaires qui ont fait la une de l’actualité. Priver un Haïtien de son droit de se déplacer librement avant toute condamnation ni même une mise en accusation en bonne et due forme n’est pas prévu par la loi. On use et abuse de cette violation flagrante des droits de l’homme par simple précaution depuis des années. Dans ce cas précis, Danton Léger ne fait pas fausse route, il roule sur la mauvaise route empruntée par des devanciers qui n’ont pas connu de grands succès dans le passé.
Si Haïti avait du temps à en revendre et une santé flamboyante, on comprendrait que Privert, Latortue et Léger s’ingénient à chercher des os dans chaque calalou. Mais avec la commission de vérification électorale qui tarde à prendre naissance, avec cette commission Ethique et Anticorruption qui cherche mal et avec les interdictions de départ qui pleuvent par précaution, on a comme l’impression que faire semblant est encore plus valorisant que faire.
Tout responsable, tout chef, tout officiel se doit de convaincre la nation qu’il est tout le temps sur la bonne route. Le président provisoire Jocelerme Privert, le sénateur Youri Latortue et le commissaire du gouvernement Danton Léger ne doivent pas ménager leurs peines pour éclairer la lanterne de l’opinion ni faire l’économie des explications dans les jours qui viennent pour que tout le monde, le plus grand nombre d’Haïtiens, comprenne leur démarche et les buts qu’ils comptent atteindre pour le bien de tous.