La politique envahit tout et s’immisce partout. Mais, quand elle empiète sur l’économie, elle casse l’évolution de celle-ci. Le ministre de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau, ne dit pas le contraire.
« Il y a des anticipations autoréalisatrices. Les détracteurs du pouvoir veulent trouver des raisons pour mettre des bâtons dans les roues du gouvernement et l’accusent de tous les maux du pays. Ils provoquent des désordres et empêchent les agents économiques de fonctionner », s’insurge le grand argentier de la République, au cours d’une interview accordée à des journalistes qui ont participé à une séance de formation organisée à l’intention des professionnels de la presse par le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), le jeudi 17 décembre, à l’hôtel Le Plaza.
La surchauffe qui existe dans le change est provoquée, selon le ministre Wilson Laleau, par les mouvements de manifestation des rues qui entraînent aussi des scènes de violence. « Quand quelqu’un identifie des problèmes ayant rapport avec l’économie, il doit questionner aussi son comportement. L’économie est une science sociale. Quand il y a des désordres dans le pays, les touristes et les investisseurs vont éviter de venir chez nous. Cela aurait des répercussions sur la rentrée des devises », se plaint le titulaire du MEF, précisant que plus de 70% des dépenses effectuées dans le pays sont consacrées à l’achat des biens étrangers.
Quand le taux de change varie à la hausse, le prix des biens augmente aussi dans le pays, reconnaît le ministre qui, pour défendre le gouvernement dont il fait partie, rappelle que, sous la présidence de Michel Martelly, le taux d’inflation était maintenu au-dessus de 5% pendant les quatre premières années. Actuellement, le taux d’inflation passe à 10,3%. Pour le ministre, cette augmentation du taux d’inflation est le résultat des problèmes politiques qui secouent le pays.
« Il y a un problème, il faut le gérer institutionnellement. Ce n’est pas nécessaire de vouloir bloquer le pays à tout prix», soutient M. Laleau, précisant que les désordres éclatés sur la voie publique pourraient stopper le secteur touristique dans son élan. Il a rappelé que plusieurs investisseurs avaient fermé leurs entreprises en Haïti pour aller les implanter ailleurs à cause des troubles politiques. Le ministre a pris l’exemple de l’usine Famosa qui avait mis fin à ses activités en Haïti, pour étayer ses propos.
« Lorsqu’il y a un problème politique dans le pays, il faut le résoudre sur un terrain politique. Cela n’a pas de sens de chercher à résoudre un problème politique sur le terrain économique », objecte le titulaire du MEF, soulignant que les casses des pare-brise et les incendies de véhicules ne vont pas solutionner le problème. M. Laleau a affirmé qu’il est difficile de mettre en confiance un investisseur quand il y a des desordres.
Le grand argentier de la République a fait savoir que la crise qui prévaut actuellement dans le pays a fait croître les incertitudes. « On ne peut avancer avec les balises qu’on est en train de jeter pour permettre aux PME d’avoir accès au crédit, ni avec la réforme du secteur de l’énergie et de l’EDH », s’indigne le ministre, soulignant que l’ambiance politique empêche les institutions de fonctionner. Gérard Junior Jeanty Source Le Nouvelliste