Repéré par Claire Levenson Slate.fr
Les «Guevedoces» ont une carence génétique qui retarde leur poussée de testostérone.
Dans un village isolé de République dominicaine, environ un enfant sur cinquante naît avec des organes génitaux de fille avant de développer un pénis à la puberté. La BBC a consacré une partie d’un documentaire d’une heure à ces jeunes surnommés Guevedoces, soit «pénis à 12 ans».
Les journalistes ont notamment interviewé Johnny, qui est né Felicita et dit ne jamais avoir aimé jouer avec des jouets de filles, ainsi que Carla, dont la mère explique que depuis l’âge de 5 ans, elle la voit devenir un garçon, avec des muscles du torse qui se développent.
Dans les années 1970, l’endocrinologue américaine Julianne Imperato-McGinley s’est rendue dans le village pour étudier le phénomène, et a découvert qu’il était lié à une carence de l’enzyme 5-alpha-reductase. Celle-ci convertit la testostérone en dihydrotestostérone, une hormone qui rend possible le développement du pénis. Il s’agit d’une condition génétique extrêmement rare, mais assez fréquente dans certaines parties de la République dominicaine, ainsi que dans des villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ces enfants sont appelés «turnims», ou «ceux qui vont devenir des hommes».
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, rejetés et humiliés
Alors que ces enfants ont des chromosomes masculins XY à la naissance, ils ont l’air d’être des filles, mais à la puberté, une deuxième poussée de testostérone permet le développement d’organes génitaux masculins. Dans la plupart des cas étudiés, ces organes fonctionnent normalement et les Guevedoces vivent le reste de leurs vies en tant qu’hommes.
En 2005, une anthropologue de l’université de Berkeley écrivait que contrairement à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ces «enfants étaient rejetés et humiliés par leurs familles et par la société», en République dominicaine,«la transformation de l’enfant en mâle était marquée par une célébration joyeuse».
L’étude de ces pseudohermaphrodites a permis le développement d’un médicament utilisé par des millions de personnes. En effet, le Dr. Imperato-McGinley a découvert que ces jeunes avaient des prostates particulièrement petites, et à partir de là, un chercheur de l’entreprise pharmaceutique Merck a lancé des recherches qui ont abouti à la création du finastéride, un médicament qui bloque l’action du 5-alpha-réductase et permet donc de traiter l’hypertrophie de la prostate.