Dans un pays où les contrôles sont multiples, où la course vers la qualité est une seconde nature. Dans un grand pays développé où l’on fait un procès pour un oui ou pour un non, où chaque consommateur veut en avoir pour son argent. Aux Etats-Unis d’Amérique, là où les institutions de surveillance font leur travail plus qu’ailleurs, on vient de prendre la main dans le sac une grande multinationale dans un complot pour tromper les autorités et les consommateurs.
De quoi s’agit-il ?
Le constructeur automobile Volkswagen a admis avoir mis en place un « trucage », qui visait à contourner les tests antipollution au moyen d’un logiciel détectant le moment où ils sont effectués, rapportent les médias du monde entier.
Ce trucage concerne tous les moteurs diesel de type EA189, soit «un volume total d’environ 11 millions de véhicules dans le monde», selon le constructeur. Si des enquêtes sont en cours aux USA depuis au moins 2013 sur la question, d’autres pays du monde s’apprêtent, eux aussi, à lancer des poursuites pour savoir si Volkswagen a menti et engrangé des profits grâce à son mensonge et à son astucieux trucage.
«Aucune entreprise ne doit être en mesure d’échapper à nos lois environnementales ni de faire de fausses promesses aux consommateurs», a déclaré le ministre de la Justice de l’Etat de New York, Eric Schneiderman, dans un communiqué.
Ce n’est pas n’importe quelle marque qui triche. C’est Volkswagen, la plus grande compagnie automobile au monde. Volkswagen, celle qui a récemment détrôné Toyota comme numéro un mondial du secteur. C’est une entreprise allemande, fleuron d’un très grand pays industriel réputé qui a mis la technologie la plus avancée au service d’une fraude massive.
Si l’Allemande le fait aux plus grands pays du monde, qui peut savoir ce qui se passe dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, Haïti ?
Ce pays, le nôtre, qui ne dispose d’aucun moyen de contrôle permanent et efficient, qui est livré à une compagnie de surveillance qui ne fait pas toujours son travail, qui a des fournisseurs indélicats qui veulent lui manger les yeux de la tête sans délivrer les promesses et les achats, ne se doit-il pas d’être plus vigilant ?
Le scandale Volkswagen vient éclairer d’une lumière particulière le dernier communiqué du ministère de l’Economie et des Finances. Le ministre Wilson Laleau veut réguler l’importation de certains produits en provenance de la République dominicaine « dans l’objectif d’un meilleur contrôle de qualité et en vue de mieux assurer la sécurité de la population ». Après son communiqué et les changements qu’il impose, il n’est pas trop tard pour se demander si la farine de froment dominicaine contient, comme on le dit, des additifs cancérigènes. Si le ciment gris dominicain est-il aux normes pour un pays de risques sismiques élevés ? Si le fer pour la construction, les emballages en foam, le métal déployé, les tôles, les tuyaux PVC, les matelas, les équipements lourds pour la construction, les ustensiles ménagers en plastique respectent-ils tous les dimensionnements, ont-ils réussi les tests de résistance ?
L’huile comestible, le savon de lessive, les détergents en poudre, l’eau portable, la peinture et les produits pour carrosseries de voitures, le beurre de cuisine, la mantèque, les pâtes alimentaires, les jus en poudre, les boissons gazeuses, la bière, les snacks (cheeco), le maïs moulu, les biscuits sont-ils aux normes ?
Qui vérifie quoi en Haïti ? Pour les produits dominicains comme pour tous les autres que nous importons ? Qui contrôle ceux fabriqués en Haïti ? Qui?
L’affaire Volkswagen jette un seau d’eau froide sur la confiance. Frantz Duval Editorial du Nouvelliste
