Vingt-quatre heures après la rencontre mardi au palais national entre le président provisoire et les conseillers électoraux, le gouvernement a passé des instructions pour commencer à débloquer des fonds pour l’institution électorale. Cependant, le CEP exige des réaménagements dans le mécanisme de décaissement de fonds de l’Etat haïtien qu’il qualifie d’« anachronique ».
Quelques heures avant l’annonce de la convocation du peuple dans ses comices, mardi, Jocelerme Privert a rencontré au palais national les membres du Conseil électoral, le directeur de l’ONI et le haut état-major de la police nationale. Le financement des opérations électorales, l’état d’avancement du calendrier et la question de sécurité étaient les trois points abordés au cours de cette rencontre.
Le CEP avait déjà présenté au gouvernement un « budget avec cash-flow », a fait savoir au Nouvelliste le président de l’institution électorale. « Ce budget avec cash-flow, nous l’avons présenté plusieurs fois. Ce n’est qu’hier (NDRD : mardi) au cours de la réunion que le gouvernement nous a demandé un budget encore plus détaillé. Donc nous allons lui envoyer un budget encore plus détaillé », a annonce Léopold Berlanger, joint par téléphone mercredi soir par le journal.
Depuis leur installation, le gouvernement n’a encore débloqué aucun fonds pour le CEP, a révélé au journal M. Berlanger. Hier mercredi, a-t-il dit, « le ministre des Finances m’a fait savoir qu’il avait passé des instructions pour commencer à débloquer de l’argent pour le Conseil électoral. »
L’institution électorale, installée depuis plusieurs mois, fonctionne avec l’argent collecté lors du processus d’inscription des candidats, a fait savoir Léopold Berlanger. Il a souligné que le CEP ne fonctionnait pas véritablement avec le budget des opérations électorales, mais sur un budget de fonctionnement.
Selon le président du Conseil électoral, même si on parle de 55 millions de dollars comme budget des opérations électorales, toutes les rubriques ne sont pas en dollars dans le budget. Il y a des parties qui sont en gourdes, a-t-il dit. Toutefois, il a fait remarquer qu’il y a des composantes dans le budget qui sont obligatoirement en dollars.
Interrogé pour savoir si le PNUD a participé à l’élaboration du budget, Léopold Berlanger a indiqué que le PNUD était un partenaire direct de l’Etat haïtien. Une façon claire pour dire que le budget est marqué de l’empreinte de cette agence des Nations unies. Selon lui, le CEP qu’il dirige est le premier à résister à l’idée que c’est l’étranger qui va organiser les élections pour le pays. « Nous n’avons pas accepté le statut de mineur dans l’organisation des élections …», s’est-il enorgueilli.
S’agissant d’une quelconque possibilité d’une révision à la baisse du budget électoral, le président du CEP a fait savoir qu’on pourrait arriver, au contraire, à revoir le budget à la hausse. M. Berlanger a souligné qu’il y avait des dépenses dans les opérations électorales qui ne figurent pas dans le budget de 55 millions de dollars. Il a cité à titre d’exemple les dépenses pour les logistiques et la sécurité des élections.
Le peuple convoqué dans ses comices, l’appel d’offres pour la fabrication des matériels sensibles lancé, les candidats mobilisés… Le Conseil électoral et le gouvernement continuent d’avancer vers le 9 octobre pour le premier tour de la présidentielle. Cependant, le CEP et les autorités ne s’accordent pas encore sur les mécanismes de décaissement des fonds pour le scrutin. Cette rencontre tenue mardi entre les conseillers électoraux et le président provisoire a permis d’aborder la question.
La procédure de l’Etat haïtien pour décaisser des fonds est anachronique par rapport aux exigences du CEP, a déclaré la conseillère électorale Marie Frantz Joachim dans une interview accordée mardi soir au Nouvelliste. Cette rencontre a permis à l’institution électorale d’aborder la question avec l’exécutif en vue de résoudre le problème « pour ne pas entraver le processus électoral », a-t-elle dit au journal.
Interrogée pour savoir si le gouvernement a déjà commencé à débloquer de l’argent pour les opérations électorales, Marie Frantz Joachim a répondu en ces termes: « Le gouvernement a pris l’engagement de créer les conditions permettant au CEP d’avoir des moyens pour réaliser les élections… »
Encore une fois, le président provisoire a donné la garantie au CEP que des fonds seraient mis à sa disposition pour l’organisation des élections. Le budget des élections s’élève à 55 millions de dollars et le gouvernement a promis d’exécuter la facture avec les ressources internes puisque la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, refuse d’octroyer la moindre gourde pour financer les élections.
Par ailleurs, l’état d’avancement du calendrier électoral par rapport au rôle de l’exécutif a été également abordé au cours de cette rencontre. Sur la transmission des données relatives au registre électoral, le CEP a fait savoir au directeur de l’Office national d’identification (ONI) que d’ici le 27 juillet ces données devraient être finalisées pour permettre à l’institution électorale de les communiquer aux responsables des partis politiques et de les publier dans les centres de vote.
En outre, avec le haut état-major de la police nationale présent à la rencontre, il était question de l’élaboration d’un plan de sécurité pour les candidats, les électeurs et tous autres acteurs impliqués dans le processus électoral, a indiqué Madame Joachim.
Pas de modification dans le calendrier électoral
Encore une fois, le CEP écarte toute possibilité de modifier le calendrier électoral comme l’exigent les parlementaires pro ou anti-Privert. Il n’y a aucune possibilité de modification du calendrier électoral, a fait savoir au Nouvelliste Marie Frantz Joachim, conseillère électorale. « Techniquement et légalement, nous n’avons pas cette possibilité… », a-t-elle soutenu alors que les parlementaires exigent que toutes les élections se tiennent cette année contrairement au calendrier qui étend le scrutin jusqu’à 2017.
Robenson Geffrard source Le Nouvelliste
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