La Cathédrale de Port-au-Prince est désormais hors d’usage, selon le porte-parole de l’archidiocèse de Port-au-Prince, le révérend père Marc Henry Siméon. Joint au téléphone jeudi, le prêtre a révélé que les bandits ont non seulement incendié le bâtiment mais aussi profané l’autel de la cathédrale. Une procédure judiciaire sera engagée afin de déterminer les auteurs du forfait, a-t-il laissé entendre.
Baptisé « cathédrale transitoire de Port-au-Prince », le bâtiment incendié par les bandits le 27 juillet 2022 a été construit après la destruction de l’ancienne cathédrale par le séisme du 12 janvier 2010. Cette cathédrale transitoire charrie toute une histoire. Elle se situe exactement à l’emplacement de la cathédrale coloniale. En 1991, l’édifice faisait face à un incendie, rappelle le père Marc Henry Siméon. Et environ 30 après, ce sont des bandits qui attaquent la maison de Dieu, regrette le curé racontant le malheureux événement.
Pour pénétrer à l’intérieur de l’Eglise, les criminels ont fait usage d’engins lourds servant à détruire les murs du bâtiment. A la suite de leur intrusion, ils ont entreposé des pneus au sein du temple puis ils y ont mis le feu. Le plancher, le plafond ainsi que de nombreux meubles sont partis en fumée. La façade est détruite. Les portes latérales s’ouvrant sur la rue St Laurent sont très endommagées, précise le curé. De plus, les malfrats ont mis le feu à l’autel.
Un sacrilège, crie le religieux
En plus d’un acte criminel, brûler l’autel de la cathédrale est un acte de profanation, souligne le porte-parole de l’Archidiocèse de Port-au-Prince.
Compte tenu de ce forfait, l’église est hors d’usage alors que le diocèse s’apprête à célébrer la fête de Notre Dame de l’Assomption qui est également la Patronne de la Paroisse, le 15 Août prochain.
Les droits humains en danger, l’enquête se poursuit
Hormis l’incendie de la cathédrale, des édifices publics ont subi l’assaut des hors-la-loi. Le vendredi 10 juin, c’est le palais de Justice de Port-au-Prince qui a été occupé par les membres du gang de village de Dieu. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, le parquet de la Croix-des-Bouquets a été attaqué voire incendié par le gang \”400 Mawozo\”. Et dans cette même commune, un inspecteur de Police a été assassiné dans un lieu de culte. Analysant toutes ces exactions qui se cumulent, le prêtre se dit indigné et surtout inquiet concernant le respect des droits humains dans un futur proche.
Avec la destruction graduelle du système judiciaire, de nombreux méfaits demeurent impunis. Bien que la justice soit en disgrâce, le Père Siméon a encore foi en ses capacités. Un cabinet d’avocat sera consulté incessamment afin d’engager une procédure judiciaire ouvrant ainsi la voie à une enquête qui déterminera les coupables.
Chaotique, tragique, désastreuse, des qualificatifs attribués à la situation actuelle en Haïti. Alors que des lieux sacrés ne sont plus respectés, d’aucun diraient que le fait l’expérience de l’ état de nature décrit par Thomas Hobbes, soit un \”état de guerre de chacun contre chacun\” engendré par l\’exercice du droit du plus fort, l\’appétit de puissance et de domination qu\’aucune loi ne cherche à tempérer.
Marvens Pierre